Les 400 coups proposent un hommage à Alain Resnais le lundi 7 avril 2014 à 20h30 avec la projection de Hiroshima mon amour.
Hiroshima mon amour – 1959 – France – 1 H 32
d’Alain Resnais avec Emmanuelle Riva, Eiji Okada, Bernard Fresson
Nouvelle édition restaurée.
Une jeune actrice française se rend au Japon en 1957 pour tourner un film pacifiste à Hiroshima. Elle s’éprend d’un architecte japonais. Pendant 24 heures, ils se perdent, se cherchent et se retrouvent. Au matin de leur première nuit d’amour, en le caressant, elle lui griffe l’épaule. Ses gestes lui rappellent un autre amant, le premier, un soldat allemand. C’était à Nevers, durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut tué sous ses yeux, elle fut tondue. Les souvenirs douloureux d’hier se superposent au quotidien de la ville martyr. Sous le ciel d’Hiroshima, la mémoire de l’amour défunt nourrit l’amour naissant…
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Porté aux nues dans le monde entier, ce premier long métrage d’Alain Resnais est un film-phare, qui, avec Les Quatre Cents Coups et A bout de souffle, constitua une sorte de « trilogie manifeste » de la Nouvelle Vague française. Mais il précède le film de Godard où l’on voit Belmondo passer devant un cinéma affichant Hiroshima mon amour. Écriture éclatée, dialogue incantatoire : Resnais et Marguerite Duras ouvraient des voies nouvelles au langage cinématographique. Le texte est resté célèbre pour sa musique, pour le balancement de ses contraires (« Tu me tues, tu me fais du bien. » « Je te mens, je te dis la vérité… »). Le style s’apparente plus à une envoûtante construction musicale qu’à une œuvre dramatique. Emmanuelle Riva est admirable, totalement habitée par son personnage. Les intonations de sa voix, ses regards perdus dans la ville illuminée sont inoubliables. Un film mythique.
Bernard GÉNIN
Le film de Resnais prend acte que le monde est profondément transformé après la Seconde Guerre mondiale, réduit en fragments. Si l’humanité entière est en ruines, le cinéma doit s’adapter : un nouveau langage naît de la plume de Duras, la narration est déconstruite, la temporalité éclatée. Imprévisible, novateur, précurseur, Hiroshima mon amour, à l’aube des années 60, bouleverse l’Histoire du cinéma.
Luc LAGIER
Après ses documentaires, sur la guerre Nuit et brouillard ou l’art Guernica, Les statues meurent aussi, les producteurs d’Argos veulent confier à Resnais un film sur la bombe H. Il apparaît vite absurde de faire ce qui existe déjà, et les projets intéressants et originaux sur le sujet seraient trop onéreux. Alors intervient Marguerite Duras, écrivain représentatif de la jeune génération dite du nouveau roman, et appréciée par Resnais, qui lui propose un scénario où, au lieu de filmer la bombe atomique, simplement « on n’évite pas de parler de la bombe ». Resnais part effectuer les repérages à Hiroshima, trouve un acteur japonais qui pourra parler français (Eiji Okada), retravaille le scénario avec Duras. À la sortie, le film est vite remarqué comme un chef-d’œuvre, suscitant lectures aussi bien idéologiques qu’esthétiques. Malgré sa mise à l’écart à Cannes pour des raisons politiques (il s’agit de ne pas froisser les Américains), il recevra de nombreux prix et fera une carrière remarquable à New York. À partir de Hiroshima mon amour, Resnais sera estampillé grand réalisateur, et enchaînera des longs métrages formellement très audacieux, L’Année dernière à Marienbad avec la collaboration d’un autre écrivain du nouveau roman, Alain Robbe-Grillet, Muriel et La guerre est finie.
Philippe HUNEMAN
Le premier long métrage d’Alain Resnais, réalisé avec Marguerite Duras, fit l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel cinématographique et reste encore aujourd’hui un film d’avant-garde. Dans cette douloureuse quête de la mémoire, cette lutte à la fois pour et contre l’oubli, la réalité et le temps de l’histoire se décomposent, se fragmentent, se morcellent, sous l’emprise envoûtante du défi irrécusable de l’amour.
Arte
Contact : Les 400 coups
Communiqué d’Eliane pour Les 400 coups