Interpellée par un panneau « CUMA » sur le bord de la route, j’ai posé la question : UNE CUMA QU’EST-CE-QUE C’EST ?
Les autochtones m’ont rit au nez, les autres l’ignoraient aussi.
Va voir Axelle !
J’ai donc rencontré Axelle Patoureau, animatrice à la fédération départementale des CUMAs.
Voici ce qu’elle m’a raconté :
Une CUMA c’est une Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole.
Ne sont concernés à la base que des matériels agricoles qui rentrent dans le cycle de production.
Les Cumas ont démarré en 1945 avec le plan Marshall, pour soutenir la mécanisation de l’agriculture française.
Les Cumas sont réservées à des agriculteurs inscrits à la MSA comme chefs d’exploitation et à toute personne ou organisme justifiant d’un intérêt agricole sur un territoire donné.
Le principe de la coopérative est intangible : ce sont des gens qui s’associent, qui disent par avance ce qu’ils comptent faire et ça se matérialise par un engagement d’activité.
Les coopératives sont des organisations très particulières. Ce sont des sociétés de personnes physiques et morales ; il faut d’abord que les gens s’entendent et décident ensemble de ce qu’ils vont faire.
On verse à la CUMA du capital social. C’est l’argent qui va servir à acheter le matériel, mais chacun à proportion de l’utilisation prévue.
Moi, par exemple, je suis dans la CUMA de Salvagnac et je suis engagée sur 10 heures de tracteur – bien évidemment le tracteur tourne bien plus de 10 h dans l’année – si je ne les utilise pas je vais quand même payer pour 10 h. On module la facturation : je ne vais pas payer les changements des filtres à huile, par exemple, mais je paye l’amortissement et les intérêts de l’emprunt qui a été contracté. Sur ces dix heures, je suis prioritaire, mais si j’ai besoin de 12h c’est possible.
On essaye de réfléchir au mieux.
On cherche à s’adapter, c’est toujours une réflexion de groupe. S’il n’y a qu’une personne qui dit « j’arrête », Eh bien désolé, elle reste engagée vis-à-vis des autres, ou elle trouve quelqu’un qui la remplace et qui prend sa charge, ou on lui facture sa part de charges fixes. En fait, chacun est responsable de l’investissement réalisé jusqu’à amortissement complet du matériel. C’est comme un tracteur qui appartient à un agriculteur qu’il l’utilise ou pas, il devra rembourser l’emprunt à la banque, régler l’assurance, etc.
Dans un groupe engagé sur un tracteur (un tracteur c’est 800 h par an d’utilisation) si quelqu’un engagé pour 200 h veut partir, c’est 200 h de perdues soit ¼ du coût qui va être supporté par les autres.
Donc on s’engage sur un prévisionnel de prix avec + ou – 10% mais pas plus.
On est responsable jusqu’à 2 fois ses parts sociales souscrites.
Les Cumas ont une aire géographique limitée. Elles maillent le territoire, c’est ainsi que lorsque la Cuma locale ne dispose pas du matériel souhaité, on va dans une autre Cuma du moment qu’il y a une bonne entente.
Moi, je suis sur 5 Cumas pour avoir le matériel dont j’ai besoin. J’utilise du matériel d’élevage or la Cuma de Salvagnac est plus spécialisée dans les céréales, donc je vais à la Cuma des Deux Monts. Je m’engage en ce moment avec la Cuma de Montclar pour un coupeur-fendeur de bois.
Certaines Cumas disposent de hangars d’autres pas, à Salvagnac l’essentiel du matériel est chez un agriculteur, aux «Bragards .
Il n’y a pas de rémunération des responsables, il y a un partage du travail.
Il arrive que chacun héberge du matériel. Chaque responsable a une liste de qui est adhérent, pour combien d’unités d’hectares, d’unités de gros bétail, etc. Il sait où le matériel se trouve et surveille son entretien. Il peut faire appel aux autres en cas de travail à faire sur les machines…
C’est lui qui réunit tout le monde pour le changement d’un outil par exemple, on fait l’étude économique et on peut convoquer le technicien machiniste de la fédération qui fait des propositions et qui nous conseille.
La fédération est un appui, une relation avec les autres Cumas.
Quelqu’un qui utilise tout son matériel en Cuma à 2/3 de charges de mécanisation en moins.
Les gens qui ont pratiqué la Cuma sur du matériel très classique : enfonce pieux, charrue, tracteur, moissonneuse…, y ont pris tellement goût, ils trouvent que c’est tellement bien d’être organisé comme ça, qu’ils déclinent ce modèle sur des choses différentes, par exemple en 88, sur le territoire de Salvagnac et son canton on a créé un abattoir de volailles et un laboratoire multi-produits. Et actuellement une association se constitue pour, entre autres choses, acheter et partager du matériel de jardinage sur ce modèle. (pour revoir la présentation du projet, cliquez ici)
Depuis la nuit des temps, les paysans travaillent en commun.
Voilà, je sais un peu mieux ce qu’est une Cuma, mais si vous voulez en savoir plus, je vous conseille d’aller sur le site de la Fédération Nationale
http://www.france.cuma.fr/
Merci à Axelle pour avoir éclairé ma lanterne.
Annie Feix
Bonjour!
Pour avoir encore plus d’info, vous pouvez aussi aller sur le site de la revue des cuma qui s’appelle Entraid’, ou encore aller sur son site http://www.entraid.com.