Méthane : des nouvelles de “l’association de la vallée du Tescou et des coteaux”, l’entretien avec les porteurs de projet à la Communauté de Communes du Quercy Vert, le compte rendu de la journée du 20 octobre 2009 à Toulouse : Biogaz et Méthanisation en Midi-Pyrénées…Le 13 octobre 2009, 3° réunion organisée par l’association de la vallée du Tescou et des coteaux à propos de « l’usine à méthane » de Verlhac, le 15, entretien avec les porteurs du « projet méthane » de la Communauté de commune du Quercy Vert, le 20, journée « biogaz et méthanisation en Midi-Pyrénées » à Toulouse…on a beaucoup parlé méthane au cours de ces huit jours.
- Le plan d’action de “l’association de la vallée du Tescou et des coteaux”
Après les deux premières réunions ou l’émotion devant la « découverte » du projet était omniprésente, cette troisième rencontre a été consacrée à la mise au point d’un plan d’action qui se déploie dans deux directions :
– Lancement d’une pétition à l’intention de Madame la préfète du Tarn et Garonne, du président du Conseil Général et des élus des Communes de Communauté du Quercy Vert, pétition ayant pour but de permettre à la population de l’une des zones pressenties pour l’implantation de « l’usine de méthanisation » de manifester son opposition au projet.
– Constitution d’un groupe de travail « contre-projet » qui doit collecter toutes les informations susceptibles de mettre en cause le bien fondé de l’implantation sur la zone de cette « unité de méthanisation ».
La réunion a également été l’occasion de lancer l’organisation de la maintenant traditionnelle journée « Nettoyons la Nature » : Rendez-vous est donné aux « Volontaires » le dimanche 8 novembre 2009 à 9 heures sur le parking aménagé sur la D999 (déviation ancienne route à hauteur de l’embranchement Verlhac/Varennes).
- Entretien avec les porteurs de projet « méthane »,
Catherine DARRIGAN et Daniel GUILLEMIN.
Après avoir assisté aux réunions où nous avions pu entendre les « CONTRE », « Parlons-En » a souhaité en savoir plus sur les « POUR » », l’émergence du projet, son état d’avancement, les options retenues et les prochaines étapes….Nous avons donc été reçu le 15 octobre dernier à la mairie de Génébrières par Catherine DARRIGAN, Premier adjoint et Daniel GUILLEMIN. Voici les réponses qu’ils ont données à nos questions.
Parlons-en : Vous n’êtes pas sans savoir l’émoi provoqué par la « découverte », par des habitants de Varennes et Verlhac, d’un « projet d’usine à méthane ». A la suite des premières réunions des « CONTRE », vous avez diffusé un document « explicatif »… Ne pensez-vous pas qu’il aurait été bon d’informer la population plus tôt ?
Catherine DARRIGAN : Au moment où s’est déclenchée la « levée de bouclier », nous n’en étions qu’à une phase de recherche d’informations pour nous assurer du bien fondé de poursuivre plus avant l’étude du projet. Un tel projet suppose avant tout de connaître la quantité de « matière première » dont on dispose. Ce projet ayant été initié par les agriculteurs-éleveurs, les matières organiques à « digérer » sont des effluents d’élevage (fumiers et lisiers) et accessoirement des résidus de culture. Il existe bien des statistiques sur les exploitations agricoles et les élevages de la région, mais nous avons souhaité faire un inventaire local et actualisé. C’est pourquoi une enquête a été confiée à une étudiante de « l’École des Mines » d’Albi, dans le cadre de son mémoire de fin d’étude. C’est à partir de son travail sur le terrain que l’existence d’un projet a été en quelque sorte mis sur la place publique…et l’on a vu alors s’enfler la rumeur, qui, partant d’un fait réel à savoir que la Communauté de Communes du Quercy Vert entamait une réflexion sur ce sujet, a dégénéré. Il nous a donc paru opportun de donner quelques précisions en diffusant un petit document dans le but de mettre les choses au point.
P-E : Vous dites que ce projet a été initié par des agriculteurs… Comment cela s’est-il passé ?
Daniel GUILLEMIN : c’est en décembre 2008 que le sujet est venu sur le tapis dans une discussion entre agriculteurs. La méthanisation fait partie des procédés naturels, à coté du solaire et de l’éolien, qui ont été mis en avant au cours du Grenelle de l’environnement et c’est donc tout naturellement que la question à été abordée à la Communauté de Communes fin janvier 2009. Avant d’aller plus avant, l’inventaire des fumiers et lisiers s’est avéré être une étape préliminaire et c’est donc ce qui à été mis en place comme viens de vous le dire madame Darrigan. Un rapport a été remis en juillet et une réunion des agriculteurs enquêtés a été organisée par la suite. Afin d’en savoir un peu plus sur ce procédé dont nous n’avions qu’une vague idée, nous avons interrogé Patrice RENARD, de la société Méthaneva .
P-E: Quelles questions lui avez-vous posées, quelles réponses avez-vous obtenues ?
C.D. : Nous sommes restés sur des questions générales à propos des procédés actuels, sur l’existence d’installations récentes comparables, sur les quantités de fumier nécessaires pour rentabiliser une installation, sur la possibilité de visiter des installations du même genre …
D.G.: Les données récentes apportées par monsieur Patrice RENARD indiquent que le seuil de rentabilité pour une installation collective se situe largement en dessous des quantités que l’on peut collecter localement.
P-E : Les habitants voisins de l’un des sites évoqués, celui qui serait associé au projet de ZAE de Verlhac, se posent des questions au sujet des nuisances, de l’éventuelle dérive d’un projet « agricole » vers un projets « ordures et déchets »; qu’avez-vous à leur répondre ?
C.D. : Le problème des nuisance est aussi notre souci. Il semble que les nouvelles technologies issues des expériences en cours apportent des réponses…il est bien évident qu’il conviendra de le vérifier avant de passer à la réalisation. Quant à la dérive du traitement des fumiers et lisiers vers les ordures et déchets urbains, elle apparaît comme impossible dans la mesure où les processus sont différents et donc les installations pour une catégorie ne conviennent pas pour l’autre.
P-E : un autre aspect évoqué par les détracteurs du projet concerne le fait qu’une telle installation ne créerait pas beaucoup d’emplois, qu’en est-il de ce point de vue?
D.G. : Il est vrai que dans une unité de méthanisation ce sont des micro-organismes qui travaillent pour produire le biogaz, essentiellement composé de méthane. Mais le gaz produit à tout intérêt à être valorisé sur place et c’est là que l’on peut envisager la mise en œuvre d’activités créatrices d’emplois avec des serres horticoles par exemple ou bien tout autre activité susceptible d’utiliser la chaleur récupérée lors de la production d’électricité par des moteurs thermiques fonctionnant au biogaz. Dans ces conditions, associer l’unité de méthanisation à une Zone d’Activités semble présenter quelque intérêt.
P-E : L’association de la vallée du Tescou et des Coteaux lance une pétition afin que se manifestent ceux qui sont contre le, je cite, « projet d’une usine de méthanisation dans la vallée du Tescou élaboré par les élus de la Communauté de Communes du Quercy Vert à l’insu des habitants », qu’en pensez-vous ?
C.D.: Ce qui a été réalisé à ce jour est une pré-étude orientée agriculture. Les normes agro environnementales conduisent à rechercher dès aujourd’hui des solutions pour un traitement des effluents d’élevage et la méthanisation, largement développée dans certains pays de la communauté européenne, semble être une solution. Les élus de la Communauté de Commune n’ont pas « élaboré un projet » mais ils accompagnent les agriculteurs dans leur réflexion et contribue à leur donner les moyens de poser les bases d’un projet qui sera le leur. Quant à la pétition, il serait intéressant de connaître les motivations du refus de chacun : il semble qu’elles soient diverses, souvent fondées sur des rumeurs, voire des contre-vérités. Quoi qu’il en soit, nous aurons à expliquer clairement les enjeux… quand le projet aura pris forme; et, de toute façon, sa réalisation sera précédée des formalités obligatoires de publicité et d’enquête.
P-E: Vous nous déclariez précédemment que, si le projet voit le jour, ce sera celui des agriculteurs. Une des inquiétude des « riverains » de la D999 concerne justement la gestion de ce site, que pouvez vous en dire ?
D.G.: Les agriculteurs ont l’expérience des « outils en communs »… à ce stade des réflexions la forme juridique n’a pas été arrêtée mais les pistes évoquées donnent la pleine maîtrise aux agriculteurs. A l’heure actuelle, sur les agriculteurs « enquêtés », trente trois sont partants et quatorze sont prêts à s’investir dans des groupes de travail pour avancer sur l’élaboration du « cahier des charges ». Nous avons rencontré il y a quelques semaines des représentants de l’association des coteaux et leur avons proposé de participer à nos groupes de travail… nous attendons leur réponse.
P-E: Et maintenant, quelle suite…?
C.D.: Au vu des éléments rassemblés à ce jour, il semble tout à fait intéressant d’avancer et, pour la Communauté de Commune, de continuer à soutenir les agriculteurs dans leur démarche. C’est pourquoi il est prévu de lancer une étude de faisabilité technico-économique afin de bâtir un projet réaliste et réalisable, intégrant les données techniques mais aussi sociales…
P-E: Le mardi 20 octobre 2009 une journée de tables rondes et de débats est organisée à TOULOUSE, y serez vous présents ?
D.G.: oui, au titre d’auditeur, nous irons nous informer sur l’état de la recherche dans ce domaine et voir comment sont présentées les « unités collectives » qui sont annoncées dans le programme comme « une des voies d’avenir ».
P-E: Merci à vous deux d’avoir bien voulu répondre à nos questions. Parlons-en reste attentif et se fera l’écho des prochains développements.
- Biogaz et Méthanisation en Midi-Pyrénées : Un nouvel élan !
Tel était le thème de la journée de tables rondes et de débats organisée par SOLAGRO, Midi Pyrénées Innovation, le CRITT génie des procédés et technologies environnementales, INSA, l’École des Mines d’Albi-Carmaux et l’Institut National Polytechnique de Toulouse qui s’est tenue le 20 octobre 2009.
Deux cent cinquante participants, (chercheurs, collectivités locales, coopératives, agriculteurs, porteurs de projets, bureaux d’étude) ont échangé témoignages, expertises, prospectives dans un domaine où sont attendus des résultats du point de vue de l’énergie, de l’écologie et de l’agronomie.
Ce « séminaire » a été ouvert par Martin MALVY, président du Conseil Régional Midi-Pyrénées. Ensuite Christian COUTURIER de SOLAGRO s’est livré à un un rapide rappel historique, de la découverte du méthane extrait du « gaz des marais » par VOLTA en 1778, au parc important d’unités de méthanisation en Allemagne.
Se sont alors succédés les échanges autour des cinq thèmes retenus :
– raisons du redémarrage de cette filière,
– les recherches en matière de retour au sol de matières organiques,
– les attentes et les appuis pour une action en Midi-Pyrénées,
– les unités collectives sont-elles une voie d’avenir pour Midi-Pyrénées
– et enfin un regard sur les efforts de structuration de la filière.
Le détail des échanges sont accessibles sur Internet et « Parlons-en » vous propose un lien pour que ceux qui s’intéressent à la question puissent y accéder facilement.
Les évolutions des techniques de méthanisation proprement dite et des possibilités de valorisation par simplification des formalités de raccordement au réseau électrique sont très sensibles. Elles permettent de remettre en question les conclusions tirées des expériences conduites à Saint Urcisse dans le Tarn et à Séverac le château en Aveyron dans les années 80. En effet, il y a une trentaine d’année, seule pouvaient être envisagées avec une rentabilité économique satisfaisante des installations à vocation de dépollution, dans des zones d’élevage intensif ou des stations d’épuration.
Les éléments présentés lors de cette journée s’attachent à montrer qu’il est possible aujourd’hui d’envisager des installations dont le bilan tant sur le plan économique qu’environnemental soit satisfaisant. Affaire à suivre… de près.
2 réflexions au sujet de « Méthane … où en est-on ? »