La Recherche Action “ Internet et lien social “
Contexte et problématique
Projet de recherche-action
Les acteurs et leurs rôles
Mise en oeuvre
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Le pays des Tescou’s est situé à l’intersection de trois départements, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, la Haute-Garonne et de quatre cantons. Morcelé administrativement, le pays n’en présente pas moins une unité géographique et culturelle forte, polarisée autour de la rivière le Tescou.
Positionnée à une vingtaine de kilomètres de Gaillac (81) et de Montauban (82) et une cinquantaine de Toulouse, la zone, à dominante rurale, rencontre des problèmes à la fois géographiques, démographiques, économiques et sociaux, liés :
- au développement de l’espace péri-urbain : cohabitation difficile ou manque de communication entre les rurbains, les habitants originels et les néo-ruraux installés durant les années 1970, initiatives culturelles et économiques phagocytées par le centre urbain de proximité, etc.
- à la spécificité des zones rurales : exode rural, suivi d’un afflux de population, développement mal intégré, effritement du lien social, manque de dynamisme à l’intérieur de certaines zones, perte des traditions, etc.
Ces déséquilibres structurels fragilisent le tissu local. C’est pourquoi une recherche-action concertée entre des habitants, des associations, des entreprises et des collectivités ainsi que des acteurs extérieurs, pourrait s’avérer opportune pour redynamiser le lien social local, renforcer l’unité du pays malgré les clivages administratifs et restructurer les échanges au sein du territoire.
Plusieurs questions se posent d’emblée à propos d’un tel projet. Elles sont de différents ordres :
- Techniques. Comment entreprendre concrètement un tel projet ? Quels « outils » utiliser ? Des outils juridiques, informatiques, sociaux ? Comment trouver un outil pouvant avoir un impact maximum à moindre coût ? Et comment intégrer localement et socialement un tel outil, c’est à dire faire en sorte qu’il soit approprié par les citoyens concernés ?
- Éthique (finalités et type de développement). Faut-il élaborer un projet de développement économique « classique », reposant sur l’implantation d’entreprises dans le pays ? Mais est-ce vraiment viable, étant donné la proximité géographique de Toulouse ? A l’opposé de cette démarche, que peuvent apporter l’économie sociale et solidaire, et l’économie marchande dans ce contexte ? Et comment faire cohabiter harmonieusement des projets à dominante coopérative, non-marchande et participative, avec des projets ayant une orientation davantage marchande ?
- Politique. Quelle doit être la participation des acteurs concernés dans la réalisation du projet, et notamment la participation des citoyens et des acteurs extérieurs au pays (chercheurs, entreprises extérieures, etc.) ? Faut-il s’orienter vers une approche participative ou au contraire plus représentative ? Faut-il s’appuyer sur des initiatives existantes ou au contraire développer de nouvelles initiatives (ou les deux à la fois) ?
- Anthropologique. Comment mener à bien un projet à dominante transversale, qui incorpore des problématiques à la fois sociales, politiques, culturelles, économiques et géographiques et met en connexion des acteurs appartenant à des cultures distinctes, avec des positions de pouvoir, des aspirations, des besoins, des représentations des problèmes et de la situation très différentes ?
Ces questions s’orientent in fine vers une question centrale, quel « outil » permet une optimisation simultanée de plusieurs paramètres : développement harmonieux du pays, impact maximal et à faible coût, appropriation par un maximum d’acteurs, incorporation adéquate dans le tissu culturel.
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Le projet de recherche-action que nous nous sommes fixé, a pour finalité d’apporter des réponses à ces questions, en construisant une plate-forme Internet qui s’appuie sur plusieurs caractéristiques :
- Démarche ascendante et participative. La plate-forme Internet doit permettre aux habitants du pays de :
o Proposer directement leurs projets d’amélioration de la vie du pays, et de leurs conditions de vie. Concrètement, des outils interactifs, tels que des forums, des wikis ou des logiciels CMS, permettent de renforcer une participation démocratique directe aux activités du pays. La plate-forme permet aussi aux acteurs de se coordonner pour établir des liens sociaux durables au sein du pays, entreprendre des initiatives et nouer des partenariats entre initiatives existantes.
o Construire un site interactif permettant aux habitants du pays des Tescou’s d’avoir facilement accès à une information générale et actualisée sur leur pays et leur permettant également de l’alimenter en informations inédites. Le site pourrait par exemple comporter deux volets : un volet interactif sur le modèle de Wikinews ou d’Indymédia, qui serait un site participatif où les habitants pourraient venir poster leurs informations ; et un volet plus vertical où seraient transmises des informations plus officielles sur le pays, comme par exemple, un annuaire des administrations, entreprises et commerces de proximité.
o Offrir un appui prioritaire aux initiatives, aux projets et aux structures préexistants, mais un soutien actif aux projets inédits.
- Renforcement du localisme, aussi bien au niveau économique que social, avec :
o Organisation, grâce au site, d’activités culturelles locales.
o Élaboration et utilisation d’outils informatiques permettant une meilleure communication entre les différents acteurs du pays.
o Coordination des acteurs économiques locaux, avec par exemple, le recentrage des activités productives locales sur les consommateurs locaux plutôt que sur Toulouse.
- Renforcement des initiatives non-marchandes et de l’économie sociale et solidaire, en partenariat avec l’économie marchande locale, l’idée étant de développer un modèle de développement complémentaire au développement économique traditionnel.
- Construction de la recherche-action sur la base de critères éthiques et écologiques.
o La plate-forme doit servir à des initiatives respectant des critères écologiques fondamentaux. Par exemple, utilisation prioritaire de matériel recyclé et réduction des coûts énergétiques en développant des systèmes de partage.
o La plate-forme doit permettre une autonomisation maximale des acteurs du pays.
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Il est à noter que le projet nécessite une forte transversalité sur au moins deux plans.
- L’implication des citoyens et d’acteurs politiques, associatifs et scientifiques très divers dans la gestion du projet implique une forte transversalité organisationnelle et culturelle. De plus, il suppose de négocier activement avec les tenants du pouvoir local dans la mobilisation des ressources.
- L’objectif du projet suppose de mobiliser des compétences, des connaissance et des savoir-faire appartenant à différents champs méthodologiques et disciplinaires : géographie, économie, sociologie, agriculture, etc.
D’ores et déjà, ce souci de transversalité a conduit plusieurs acteurs à se regrouper au sein du projet de recherche-action, encore au stade de démarrage :
- L’association O-P-I. Elle est un acteur précurseur de ce type de projets dans le pays et constitue la clé de voûte sur laquelle la recherche-action doit s’appuyer. Fondée dans les années 1980, l’association, par son implantation stratégique dans le pays des Tescou’s, et par la toile relationnelle qu’elle a su tisser entre les acteurs, joue en effet un rôle d’intermédiaire privilégié entre les acteurs économiques et politiques locaux, les habitants du pas des Tescou’s et les acteurs extérieurs impliqués dans la mise en œuvre du projet.
- L’association CERISES. Laboratoire associatif implanté dans l’université du Mirail, elle regroupe des chercheurs unis par une volonté commune de produire des recherches et un travail d’expertise sur le domaine de l’économie sociale et solidaire. Elle constitue un point de liaison entre le projet et le monde de la recherche scientifique – universitaire ou autre.
- L’association CEDREA. Laboratoire associatif en cours de construction, il regroupe des acteurs de divers horizons (chercheurs confirmés, chercheurs débutants, acteurs associatifs, acteurs du monde de l’entreprise, acteurs politiques) impliqués dans des démarches de recherche-action. Il peut apporter une expertise et ses compétences en terme de pilotage de la recherche-action et de conduite de changement.
- Le département « informatique » de l‘I.U.T. « A », Université Paul Sabatier
D’autres acteurs pourraient à terme être impliqués dans la recherche-action.
- Des acteurs de l’informatique open-source qui pourraient apporter leurs compétences dans le développement de la plate-forme et du réseau coopératif (firmes open-source, GUL, RAN).
- Des acteurs politiques qui pourraient jouer un rôle décisionnel significatif et apporter leurs ressources au projet (communes, communautés de communes, départements, région).
- Des acteurs impliqués dans l’économie non-marchande au sens strict, qui pourraient, pour l’occasion, se regrouper au sein d’une association formelle ou informelle.
Le rôle des différents acteurs pourrait être le suivant :
- L’association O-P-I jouerait un rôle de centralisation du projet, aussi bien au niveau virtuel, grâce au site Internet, qu’au niveau matériel, en établissant les contacts entre les différents acteurs.
- L’association CERISES jouerait un rôle d’expertise et de conseil qui permettrait d’éclairer les problématiques économiques, sociologiques et géographiques posées par les acteurs sur le terrain. Elle produirait régulièrement un compte-rendu statistique et qualitatif sur l’évolution des initiatives de l’économie sociale et solidaire dans le pays et tenterait de les fédérer en partenariat avec O-P-I : le principe est de repérer les complémentarités économiques entre acteurs et de les agglomérer autour de projets qui répondent aux besoins du territoire. Elle pourrait par ailleurs apporter ses compétences pour développer de nouveaux modèles économiques entre les acteurs économiques du pays.
- L’association CEDREA apporterait ses compétences pour piloter le changement au sein du pays. Son rôle pourrait, par exemple, consister à produire des évaluations régulières du changement participatif et à les mettre à la portée des acteurs concernés pour qu’ils puissent éventuellement rectifier leurs actions, effectuer un travail de recherche sur les cas de recherche-action similaires, intervenir en cas de blocage à différents niveaux du projet, mettre en œuvre des techniques de conduite de changement qui ont fait leur preuve, donner une vitrine scientifique au projet dans le cadre de réseaux de chercheurs qui travaillent sur la recherche-action. En définitive, son travail serait plus qualitatif que quantitatif.
Mise en œuvre – Retour Haut de page –
La mise en œuvre d’une telle recherche-action consisterait concrètement dans la coordination concertée des actions suivantes :
- Renforcement du site O-P-I, en insistant sur les points suivants :
o Passage du site au WEB 2.0, en développant une plate-forme plus interactive permettant aux habitants du pays des Tescou’s ou à d’autres personnes, d’intervenir plus facilement dans la gestion du site.
o Promotion et développement du site, de manière à ce qu’il occupe une place centrale dans les médias locaux.
o Continuité avec la ligne actuelle pour ce qui est de servir de plate-forme des initiatives, associations et entreprises sur le pays.
- Élaboration d’outils d’enquête répertoriant les besoins des habitants vivant dans le pays, de grilles d’évaluation de la performance des systèmes de communication adossés au site et mise en place d’une recherche sur le contexte géographique et culturel du lieu. Cette recherche devrait démarrer le plus tôt possible pour pouvoir faciliter par la suite des approches comparatives.
- L’implication permanente d’au moins un chercheur sur le terrain pour piloter le projet de recherche-action.
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