« A Bisto de Nas » Bernard Vavassori
A Bisto de Nas est un recueil de mots, expressions et tournures du français populaire parlé dans le Midi toulousain, et d’une manière plus large, dans le Sud-ouest. Les mots ou expressions sont des francisations de l’occitan (languedocien, rouergat ou gascon), les tournures sont souvent de simples calques de la syntaxe occitane.
D’aucuns diront qu’il s’agit d’un relevé d’incorrections françaises ; on peut les nommer aussi différences par rapport au français officiel, de la même manière que l’on reconnaît que le français parlé en Belgique, en Suisse, dans les DOM TOM, au Québec ou en Afrique est différent de celui parlé dans l’Hexagone. Parler d’incorrections laisserait supposer que l’auteur cherche à montrer comment il faut bien parler. Ce n’est pas le cas.
Parler de différences, c’est affirmer le caractère de la langue que l’on parle chez nous et revendiquer sa légitimité, même si celle-ci peut difficilement s’exporter en dehors des limites de la région. La langue maternelle c’est le cocon où l’on a vécu enfant. La retrouver, la parler, la défendre, l’empêcher de disparaître, c’est de l’amour filial. Vouloir la retrouver et l’écouter, c’est retrouver son quartier ou son village natal et les repères de son enfance. Amour ? nostalgie ? Prévert disait « Je ne suis pas un nostalgique du passé, mais c’était quand même mieux » Sous-entendu ‘avant’. Avant, c’était avant que tout le monde ne parle de la même manière, de Dunkerque à Melles (1).
Les expressions recensées dans cet ouvrage sont celles entendues par l’auteur, dans son village, dans son département et sa région. Celui-ci n’a pas fait d’enquête qui lui eût permis de les recenser toutes. D’autres s’en sont chargés (2). Il y manque donc toutes celles qui se disent dans tous les quartiers ou villages qu’il n’a pas fréquentés de près.
Les personnes les mieux représentées (et les plus citées) sont celles qui sont les plus proches de la terre et des milieux populaires. (La culture rapprocherait-elle de Paris et de la standardisation ?)
La démarche de l’auteur a été celle du photographe qui, craignant de voir disparaître les images de son enfance, multiplie les clichés, afin que l’on se souvienne dans 50 ans d’ici de la saveur de cette langue, lorsque les médias auront gommé toutes les particularités linguistiques de nos coins de France.
(NB : L’auteur a l’accent du Midi-toulousain et il entend le conserver, admettant que d’autres, nés ici, se mettent à prendre l’accent « pointu ». Tolérance.)
Dessins : Les dessins sont de Pertuzé, autre gascon à l’accent d’ici.
(1) Melles : dernier village de Haute-Garonne, avant l’entrée en Espagne.
(2) Voir Bernard Moreux, Robert Razou « les Mots de Toulouse, lexique du français toulousain » (Presses Universitaires du Mirail. Toulouse 2000).