Il aurait du aller à l’usine comme son père, mais il fit des études ; sa mère le poussa à entrer au Grand Séminaire, mais il s’en échappa et rompit avec son milieu. Héros de ce passionnant récit autobiographique, le Petit Joseph, né dans une famille modeste de l’Alsace des années 1930-1940, a tôt choisi la liberté, sa propre liberté, celle que l’on entrevoit dans ses rêves et que l’on conquiert à force de travail acharné.
Dans la petite cité ouvrière au cœur de la campagne alsacienne près de Sélestat, l’argent manquait cruellement, le chômage rôdait – et la guerre fit irruption, brisant nombre de destins. Après la lourde fatalité sociale pesant sur le fils d’ouvrier pauvre, la tragique violence de l’annexion et de l’embrigadement nazi fit prendre conscience au jeune Alsacien de la nécessité d’investir toute son énergie dans les études et dans un cheminement personnel. Mais ce choix dut se faire contre ses proches, notamment sa mère, éprise de docilité sociale et de stricte morale chrétienne : « Fils ingrat, tu seras le premier clou de mon cercueil ! », lui lança-t-elle un jour, désespérée.
Sur fond de bouleversement du monde ouvrier et paysan alsacien traditionnel, Fernand Weber nous livre un récit émouvant et plein d’humour, débordant d’espoir dans les forces de la vie et de la jeunesse. Il brosse le portrait sincère et savoureux d’une famille ordinaire et retrace avec un remarquable sens du détail le parcours, les doutes et les espoirs d’un jeune Alsacien épris de liberté – qui deviendra, après la guerre, un personnage public aussi engagé qu’attachant.
Éditions de la Nuée Bleue