La soudaine disparition de la vieille dame affublée de toilettes extravagantes, aux manières insolites et au verbe provocateur ne passait pas inaperçue en ville. N’avait-elle pas été l’excellent professeur de lettres du collège local, partie trop tôt pour prendre la direction de l’usine textile de Mirancour laissée vacante par son père tragiquement disparu ?
De cette entreprise à l’agonie, elle fit un établissement modèle. Première femme élue conseiller général et maire d’une commune, elle ébranla l’univers machiste traditionnel. Bourreau de travail, elle défendait le principe de servir et non de se servir.
Lorsque l’heure de la retraite sonna, elle savait qu’elle serait oubliée, esseulée dans le manoir familial. Affaiblie, elle ne put résister quand on l‘admit en maison de retraite médicalisée. A la mort de son ami Adalbert, elle sombra dans un mutisme profond. On la trouva morte sur un banc public du parc municipal.
Mort naturelle ou assassinat perpétré par l’un des nombreux prétendants à sa fortune ?