Occitania ! Occitania ! article de Gérard Veyriès

croix_occitaneDans notre précédent ouvrage (La Terre d’oc), nous avons vu la propagation au XIIe siècle, de la « secte Albigeoise ». Ces événements seront suivis au XIIIe siècle, par le drame final qui est « programmé » par des forces extérieures au pays d’oc, puisqu’elles finirent par intervenir sous prétexte qu’une partie de sa population est « infestée » par l’hérésie albigeoise !

Et pour définir les territoires où se parle la langue d’oc, l’administration royale française à créé à partir de 1290 le mot « Occitanie » patria linguae accitaniae afin de nommer les comtés du sud qu’elle perçoit comme différents. Puis plus tard le mot « Languedoc » sera employé.

Et si les « Katharos » (les purs) ont été persécutés, anéantis par les croisés du Nord et par les représentants (légats) de l’Église romaine, ils n’ont pas pour autant disparu de la mémoire des hommes ! Puisque les chansons des troubadours nous le rappellent, notamment La Canso de Guillaume de Tudèle.

Nous avons cru comprendre que la croisade « Albigeoise » n’a été pour quelques contemporains qu’un « accessoire » de l’histoire de France, jusqu’au moment où Louis VIII parut sur la « scène » de ce drame en 1226 ! Et pour d’autres, c’est une vision sans intérêt, sinon qu’une simple « banalité », ou encore, que : « Sur le plan culturel, le Midi de la France était loin de l’emporter sur le Nord ». Enfin : « La papauté, lorsqu’elle terrassa les cathares, par exemple, sa victoire fut celle du bon sens et de la raison ». Quant à certains philosophes, ils n’ont pas manqué de voir dans la croisade une manifestation de cette « intolérance » qu’ils pourchassent à travers l’histoire ! Et plus généralement, pour l’histoire de France, l’histoire Occitane, n’est qu’un « cadavre Albigeois » !

Néanmoins, lorsque les partisans du parti de l’Ordre chrétien et valeureux adversaires de la subversion hérétique cherchent à minimiser les atrocités des croisades méridionales, ils se justifient en mentionnant que : « La cause sainte n’est pas celle de la foi, mais celle de la nation ». On retrouve cette démarche chez Michelet, qui pour consolider les acquis de la Révolution, et entretenir le mythe fondateur d’unité, jette aux poubelles de l’histoire, les divergences venues des peuples méridionaux ; car elles risquaient de dissoner dans le concept trop bien organisé des fiertés nationales.

L’histoire du peuple d’oc n’a jamais été étudiée et présentée que sous le nom « d’Histoire de France ». Donc il n’a pas été dit grand-chose ! Néanmoins nous avons notre culture, notre histoire occitane, ce n’est pas forcément celle de l’histoire de France et surtout celle de l’histoire de l’Église catholique, apostolique et romaine !

Car, les terres méridionales lancent le défi au XIIe et au XIIIe siècle, de la liberté de religion, de la pensée libre, si dangereuse pour la bonne marche de la société.

C’est pour défendre cette société plus que la foi (puisque cette dernière doit rester libre), que le pape Innocent III lance les croisés en Terre d’oc, pour massacrer les cathares, leurs protecteurs, leurs frères catholiques respectueux de leurs croyances. Le peuple d’oc doit obéir en fait : « à la loi (ou à la foi) du plus fort », c’est-à-dire à l’Église romaine ! Et pour cela, le pape donne en proie les terres méridionales au bras séculier, plus exactement à ses mercenaires.

Invariablement, les « gêneurs » qui font obstacle à la pensée dominante sont aussitôt abattus ! Il suffit de lire la vie du Christ, qui lui-même a été mis en croix par les Romains ! Il y avait sans doute d’autres méthodes plus fraternelles à employer pour « extirper l’hérésie » ainsi que « les Juifs », que la violence aveugle de la croisade, car celle-ci était le pire, choisie par un seul « homme », le pape Innocent III. Nous voyons bien que l’établissement d’une seule religion n’avait pu être mené à bien par la volonté d’un seul homme, et d’une seule Église, fût-elle « Universelle », pour imposer qu’un seul culte, afin de servir qu’un seul Dieu ! Et l’on retrouvera les mêmes causes quelques siècles plus tard, lors des guerres de religion du XVIe et du XVIIe siècle.

Si le récit des temps passés doit servir d’instruction ainsi que d’exemple aux siècles à venir, quel plus touchant et plus terrible spectacle, que celui des « Tragédies Apocalyptiques de la Terre d’oc », au cours duquel les passions les plus violentes, les plus haineuses de la part de l’administration royale et surtout de l’Église romaine (Légats, Inquisition, torture, …), furent mises en jeu pour « éliminer » la société du Midi de la France du XIIIe siècle.

Le samedi 4 juillet 2009, l’auteur, ainsi que les associations OC’TRADOU et les Amis de Montaigut, ont commémoré le 800e anniversaire de la croisade menée contre les Albigeois, sur le site historique de Montaigut en Albigeois.

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Gérard Veyries

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